Pour les épargnants, c’est toujours une mauvaise nouvelle quand les marchés baissent. La bonne, c’est qu’après la pluie, le beau temps revient toujours. Sans être légère, cette remarque a pour objet de revenir sur les fondamentaux de votre allocation d’actifs afin de sortir de l’émotion que provoque, toujours, une baisse des marchés. Il est important d’être factuel avant tout.
- Le contexte de marché
Le point sur lequel on peut s’accorder, c’est qu’il n’y a pratiquement jamais de consensus en la matière et que le sujet est compliqué, pour ne pas dire complexe. Pour illustrer notre propos, rappelons-nous que lorsque l’on décide de vendre, en pensant que le marché va continuer à baisser, de l’autre côté, l’acheteur, lui, pense le contraire. Regardons plus en détail la situation :
- D’un côté les indicateurs économiques sont globalement bons :
- Aux États-Unis, le pays signe son huitième trimestre consécutif de croissance du PIB, soit la plus longue série de croissance positive en années glissantes depuis 1947. Cette bonne santé économique, couplée à un plein emploi, et au retour de l’inflation, a conduit la Banque Centrale américaine à relever ses taux directeurs, par 3 fois déjà depuis le début de l’année. Notons que cette hausse des taux, si elle trop rapide, pourrait avoir des effets pervers également sur les marchés actions
- Tandis que dans l’UE, la croissance avoisine les 2.5%, soit son plus haut niveau depuis une décennie, mais son rythme tend à ralentir, en Allemagne par exemple.
Lorsque cela va plutôt bien, les investisseurs traquent le moindre signe d’une fin de cycle : les résultats des entreprises et les différents indicateurs sont scrutés, et chaque résultat inférieur à l’anticipation des marchés est très (trop ?) lourdement sanctionné.
- De l’autre, le contexte géopolitique entraine une forte volatilité
Les risques politiques sont nombreux, la volatilité décuple à mesure que les échéances approchent : d’abord il y a eu les élections de mi-mandat du 6 novembre dernier aux USA, et maintenant les doutes sur le BREXIT, sans oublier le budget italien…. Tout cela sur fonds de guerre commerciale (les barrières douanières voulues par TRUMP risquent d’impacter la croissance des pays exportateurs comme la Chine, et les émergents d’une manière plus générale). Mais soulignons que TRUMP n’a aucun intérêt à négocier des accords « loose-loose », surtout en période de « cohabitation » avec en ligne de mire de nouvelles élections dans 2 ans.
Pour les plus informés d’entre vous, vous avez entendu déjà ces observations et points de vue d’experts. Vous vous dîtes certainement : « Bon, d’accord, mais maintenant je fais quoi ? ». Eh bien, il faut revenir aux fondamentaux : suis-je en risque ? Quelle est ma stratégie ?
- Identifier son risque
- Les marchés actions américains ou européens sont en baisse (-10% pour le CAC sur octobre, et -9% pour le S&P500), baisse encore plus marquée sur les fonds de petites capitalisations européennes, et sur les entreprises dites décotées. Les marchés émergents dévissent également, à la faveur d’un dollar fort. Il est difficile de savoir s’il s’agit d’une correction de marché ou d’une baisse durable. Dans tous les cas, une chose est à peu près acquise : la volatilité risque de perdurer pour 2019. Il faut cependant noter que les cycles de bear market (baisse) sont suivies de bull market (hausse) et qu’en bourse, pour citer Warren BUFFET, « les patients récupèrent l’argent des impatients ».
- Les fonds Euro : nous avons eu des questions concernant la part de la dette italienne dans leur fonds Euro. Celle-ci reste très marginale, la plupart des fonds Euro étant porteurs d’obligations de l’Etat français. Donc sur ce point, pas d’inquiétude particulière.
- Se rappeler sa stratégie
D’abord, il faut quantifier la part d’actifs exposée au risque dans son patrimoine global. Cela a été dimensionné au moment de la mise en place de l’investissement, au regard de l’ensemble de vos actifs, de votre profil investisseur, et de la nécessaire diversification des actifs qui doivent composer un patrimoine.
Puis, quand les marchés sont volatils, il faut se rappeler pourquoi on a accepté d’embarquer une part de risque : quel est l’objectif du placement ? Et quel est son horizon de placement ? (nécessairement à long terme sur la partie action).
- Quel comportement adopter ?
En fonction de vos objectifs et horizon de placement, vous pouvez vous interroger :
- Est-ce le moment de vendre ? Certaines classes d’actifs, comme les petites capitalisations, ont beaucoup monté au cours des dernières années. Depuis le début de l’année, la baisse dépasse les 20%, mais aller encore plus bas n’est pas impossible. En effet, la faible profondeur du marché (un petit nombre de transactions) fait que les cours sont impactés fortement par un nombre d’ordres de vente plus important que d’habitude.
- Est-ce le moment d’acheter ?Certainement pas encore massivement ; un investissement progressif sur les marchés, par des versements programmés, semble aujourd’hui le plus approprié.
Pour finir, vous l’avez compris, chaque situation est particulière. Quelle part de mon patrimoine est exposée ? Quand aurai-je besoin de mon épargne… ? Ce sont les questions qu’il vous faut vous poser pour ne pas sur-réagir et vous laisser emporter par l’émotion. C’est vrai qu’il est loin le temps où l’investissement sur le support Euro était paré de toutes les vertus : sécurité, rendement, liquidité. Rappelons-le, le fonds Euro garanti reste une anomalie franco-française. Aujourd’hui, pas de rendement sans risque. Il va falloir que l’on s’habitue à ce nouvel environnement, connu depuis longtemps ailleurs en Europe et dans le monde.
La diversification de vos actifs reste la meilleure solution pour traverser sereinement les fins de cycles… en attendant le suivant !